Un « îlot de fraîcheur et de tranquillité aux portes du Puy ». C'est ainsi qu'est évoquée notre commune dans un article de l'Almanach du Renouveau, datant de 19581. En remontant plus loin dans le temps, l'on peut aussi s'appuyer sur une description plus précise de l'écrivain de la fin du XIXème siècle, Truchard du Molin, historien spécialiste de la baronnie de Saint-Vidal2 : « En sortant de Borne, la rivière enfonce son lit dans les profondeurs du sol et va, inclinant au sud-est, dessiner le cap étroit où, comme une autre statue de Memnon3, le château attend, de onze heures à midi, les baisers du soleil ». |
Un plan cadastral de la fin du XIXème siècle nous permet de mieux appréhender le site du bourg de Saint-Vidal : près de la Borne, sans être totalement en fond de vallée. On remarque aussi la place centrale du château, autour duquel les maisons se sont dessinées. |
Construit à partir du XIIIème siècle, le château de Saint-Vidal fut surtout remanié, agrandi et embelli par son plus célèbre occupant : Antoine II de La Tour, chef ligueur durant les Guerres de religion4. Une inscription, encore visible aujourd'hui sur une des clefs de voûte de la cour intérieure en témoigne : « 1563. L'année que Ugunaulx assamblèrent armée contre l'église pour abolir la messe et aux ymages et prbstres firent presse de ce pays, pour le roy gouverneur fust le baron de seans et gouverneur nome Antne de la Tour par sur nom, qui a faict fere le bas de ceste maison ». |
Mais Saint-Vidal ne se réduit pas à son château et à ses châtelains. « L'occupation humaine de ce coin de terre vellave »5 remonte à la préhistoire. Les abris sous roche sont nombreux sur les rives droites (depuis Chazaux jusqu'à Chazelles) et gauche (du Clauzel jusqu'aux Estreys). Mais c'est principalement au Cheylounet, que l'on a retrouvé des vestiges d'installations néolithiques, auxquelles se sont superposés des restes des époques gauloises et gallo-romaines. « Haches en silex, vases en terre noire, bijoux, amphores en terre rouge »5 ont été exhumées au cours des travaux agricoles. Et surtout, en 1871, lors de la construction de la voie ferrée Le Puy à Saint-Georges-d'Aurac a été découvert « une cachette dans laquelle avaient été déposées deux épées de bronze »5. Pour l'époque gallo-romaine, deux vestiges attestent de la présence de représentants de cette civilisation sur notre commune : à Chazelles, le fût de la fontaine est constitué d'une ancienne stèle funéraire érigée « pour une jeune fille de dix-huit ans, Licentiosa »5 et dans le bourg de Saint-Vidal, la partie d'une autre stèle « consacrée à Domitius a été déplacée et incorporée au portail de l'église »5. |
Cette dernière de style roman, fut construite comme chapelle seigneuriale. « L’édifice originel était constitué d’une nef unique, de deux travées, d’un chœur surmonté d’une coupole et d’une abside en hémicycle inscrite dans un chevet à trois pans »6. Certains aménagements sont réalisés à l’époque gothique : la charpente, la façade, ainsi que les chapelles nord et sud. Une campagne de rénovation récente « a permis à cette église de retrouver toute sa dignité, en mettant en valeur son espace intérieur avec ses vestiges de polychromie et ses chapiteaux »6. |
4 Jean-Michel VIALLET - Antoine II de la Tour (vers 1537-1591) - Mémoire de Maîtrise d'Histoire (1991) |
Tout près de l’église, adossé au mur d’enceinte du château, se trouve le monument aux morts. Comme dans l’ensemble des 36.000 communes françaises, il fut érigé au début des années vingt grâce à des subventions d’Etat et à l’effort financier de la municipalité. Inauguré le 19 avril 1925, il rend hommage aux vingt quatre « poilus » vidaliens « morts pour la France » lors de la Grande Guerre. Y sont honorés aussi deux habitants de la commune, tombés pour la patrie lors de la Seconde Guerre mondiale. |
La commune de Saint-Vidal, ne se limite pas à son bourg central. Nous avons déjà évoqué, sur la rive droite de la Borne, le hameau de Chazelles auquel il faut ajouter celui de Grazac et sur la rive gauche le hameau de Locussol (ou Laccusol). Dans chacun d’entre eux se trouvent fours banaux, fontaines abreuvoirs (et parfois lavoir), ainsi qu’un bâtiment commun : l’assemblée. C’est là que les béates ont officié pendant plus de trois siècles. « Nées dans le Velay, les Béates sont restées vellaves et n’ont pratiquement pas dépassé le cadre de leur province. Surtout, elles ont pris très vite le visage qui devait être le leur et qu’elles conserveront aussi longtemps qu’elles représenteront la seule instruction possible pour les paysans isolés »7. |
Et effectivement, avec le développement de l’enseignement gratuit, obligatoire et laïc des lois Ferry en 1881 et 1882, le rôle des béates va péricliter pour disparaître totalement au début du XXème siècle. La maison mère qui les formait, Les Filles de l’instruction, créée en 1665 par Anne-Marie Martel, disparaît en 1905. Mais, heureusement, « nombreux sont les villages (comme les notres) qui en gardent encore le souvenir »7. Dominant le bourg de Saint-Vidal en venant de Locussol basse se trouve un autre monument remarquable sur notre commune : une superbe croix romane, dont le dessin et la réalisation sont d’une extrême finesse. |
L’enclavement dont pouvait souffrir la commune de Saint-Vidal a été atténué avec l’ouverture au XIXème siècle de routes reliant le centre bourg et les hameaux aux voies principales du département : la nationale 102 à Bleu et la départementale du Puy à Langeac, à Grazac. Dans le même ordre d’idée et avec le même objectif une halte de chemin de fer a été créée « qui a rendu des services pendant des années avant sa fermeture partielle »8, qui devient définitive à la fin du XXème siècle ; victime de l’abandon de la logique de service public qui avait prévalu avec le plan Freycinet. |
7 René LAGIER « Une institution vellave : les Béates » - Les Cahiers de la Haute-Loire (1979) |
Par Jean-Michel VIALLET, natif de Saint-Vidal et Professeur Agregé d'Histoire-Géographie à l'Ensemble Scolaire Fénelon de Clermont-Ferrand |